Croatie

En bref:

Accès restreint

IVG autorisée jusqu’à 10 semaines de grossesse avec des exceptions en cas de viol, risques pour la santé de la femme et anomalie fœtale.

Pas de délai d’attente obligatoire mais obligation de motiver sa demande par écrit au médecin qui choisit de valider ou non.

Application d’amendes pénales à l’égard de la femme et des soignant·e·s si toutes les conditions ne sont pas respectées.

Existence de pressions politiques et religieuses restreignant l’accès à l'avortement.

Infos

Dans ce pays où la population est à 90% catholique, l’IVG est autorisée jusqu’à la 10e semaine de grossesse depuis 1978 sur demande de la femme. La femme enceinte doit fournir une motivation écrite de sa demande, qui doit ensuite être validée par le·a médecin.

Au-delà de 10 semaines, une commission d’expert·es composée de médecins et de travailleur·ses sociaux·ales doit certifier que la santé de la femme est en danger, qu’il y a malformation physique ou mentale du fœtus ou que la grossesse résulte d’un viol ou inceste.

Le coût d’un avortement – jamais pris en charge par l’État – diffère selon les régions, mais reste globalement très élevé par rapport au salaire moyen, etc.

Bien que la loi garantisse l’accès à l’IVG jusqu’à 10 semaines, de fortes pressions sociales et religieuses stigmatisent le recours à l’avortement. La pénurie de médecin limite fortement l’accès à l’avortement, d’autant que 60% des gynécologues refusent de pratiquer l’IVG.

Actualités

2025

Pas d’actualité.

2019-2024

Depuis l’indépendance en 1991, les organisations religieuses et l’Église catholique, ont acquis une forte influence dans la société conduisant à la remise en question de la loi sur l’avortement libre à partir des années 2000. Depuis, les menaces sont de plus en plus nombreuses et le pays fait face à une pénurie de médecins, induisant une baisse drastique du nombre d’IVG, de 40.000 en 1989 à environ 3000 en 2022.

La clause de conscience a été introduite en 2003 et permet au personnel de santé de refuser de pratiquer une IVG sauf si la vie de la femme est en danger. Si le·la professionnel·le refuse, il·elle doit orienter la femme vers un médecin qui pratique l’IVG. Environ 60 % des gynécologues refusent de pratiquer les IVG, ce qui est le résultat des campagnes anti-choix et de l’influence des milieux conservateurs. En Croatie, les méthodes de contraception modernes sont également peu utilisées, conséquences d’une faible éducation sexuelle.

En 2017, la Cour constitutionnelle a rejeté un recours de plusieurs groupes conservateurs qui réclamaient l’interdiction de l’avortement. La Cour a ensuite demandé au Parlement de préparer une nouvelle législation, estimant que celle de 1978 était devenue obsolète. De nombreux·se défenseur·ses du droit à l’IVG craignent que cela conduise à plus de restrictions. En effet, des manifestations ont eu lieu depuis 2021, quand des milliers de personnes ont défilé à Zagreb contre l’IVG.

En 2022, un cas a particulièrement ébranlé la Croatie : une femme enceinte de 6 mois dont le fœtus était atteint d’une grave tumeur au cerveau, lui laissant peu de chances de survie, s’est vue refuser l’accès à un avortement médical par plusieurs hôpitaux. Elle a finalement eu gain de cause grâce à une forte mobilisation populaire.

En 2024, les groupes religieux et conservateurs intensifient toujours les pressions pour interdire l’avortement en Croatie en organisant des veillées devant les cliniques et des marches attirant des milliers de personnes ainsi que des groupes d’hommes s’agenouillant pour prier sur les places publiques.