2025
En février 2025, la Cour d’appel a annulé le jugement proclamé à l’encontre de Justyna Wydrzyńska, condamnée en 2023 pour avoir aidé une femme victime de violences conjugales à obtenir des pilules abortives. La raison invoquée par la Cour d’appel est le manque d’impartialité dudit jugement. Elle a donc renvoyé l’affaire devant une juridiction inférieure. Amnesty International appelle le procureur à abandonner les charges, soulignant que son acte de solidarité ne devrait pas être criminalisé.
Bien que Donald Tusk, le Premier ministre polonais, ait fait de l’accès à l’IVG pour toutes une promesse centrale de sa campagne fin 2023, aucune avancée n’a eu lieu depuis. Le veto présidentiel d’Andrzej Duda, issu du PiS a bloqué toute initiative politique. Nouvellement élu à la présidence, le conservateur Karol Nawrocki est lui aussi fermement opposé à l’avortement, ce qui compromet toute avancée en matière de légalisation de l’avortement.
2019-2024
Depuis son arrivée au pouvoir en 2015, le gouvernement national-conservateur a considérablement restreint l’accès à l’avortement. En 2017, le Président polonais a entériné une loi conditionnant l’accès à la pilule du lendemain à la délivrance d’une prescription médicale. En octobre 2020, le Tribunal constitutionnel polonais a déclaré contraire à la Constitution l’exception de « malformation grave et irréversible du fœtus ou maladie incurable menaçant la vie du fœtus » qui était inscrite dans la loi de 1993. Cela a entraîné l’interdiction de l’IVG en cas de malformation fœtale, qui concernait plus de 90% des avortements. Cette décision eut un effet dissuasif sur les médecins. En conséquence, au moins 6 femmes enceintes sont mortes depuis 2020, car les médecins sollicités ont refusé d’intervenir.
Une activiste polonaise, Justyna Wydrzyńska, a risqué 3 ans de prison pour « aide à la commission d’un avortement » elle a finalement été condamnée mais à des travaux d’intérêt général.
Suite à l’invasion russe en février 2022, certaines réfugiées ukrainiennes en Pologne sont en demande d’une IVG, notamment à cause de viols. Très peu y ont accès.
En juin 2022, le ministre de la Santé a mis en place l’obligation pour les médecins généralistes d’inscrire les grossesses dans un registre numérique médical. Cet outil est perçu comme un moyen de contrôler et persécuter les femmes polonaises.
Suite aux élections d’octobre 2023 et à la nomination de Donald Tusk (Coalition civique) comme premier Ministre, une nouvelle législation fut soumise au Parlement. Celle-ci visait la suppression de l’article du Code pénal condamnant l’avortement et les personnes aidant à la réalisation de celui-ci. Le texte a été rejeté par le Parlement, le 12 juillet 2024 à trois voix près: 218 votes contre, et 215 votes pour. Cependant, face à cette impasse politique, le gouvernement a décidé en août 2024 de donner des instructions aux médecins et aux procureurs interprétant la loi de la manière la plus libérale possible, afin de permettre l’accès à l’avortement dans la pratique.
Toutes les études d’opinion montrent qu’une large majorité de Polonais est favorable à une libéralisation du droit à l’avortement. Selon un sondage publié en mars 2023, 83,7% des personnes se prononcent pour un changement de la loi, et 56,8% sont pour le droit à l’IVG sans condition jusqu’à la 12e semaine.